La Bulgarie Socialiste

Dans la période 1944-1948, la Bulgarie fut gouvernée par la coalition politique « Front National », formée du Parti ouvrier bulgare, de l‘Union agrarienne, le cercle « Zvéno », du Parti ouvrier social-démocratique, du Groupe des intellectuels indépendants. Le système politique formé était de type populaire et démocratique. Le Conseil des régents, représentant l‘institution monarchique, continuait à fonctionner. L‘activité parlementaire et l‘opposition parlementaire furent rétablies. En 1946, l‘Assemblée parlementaire générale organisa un référendum national pour décider du sort de la monarchie. Après la longue série de catastrophes nationales, cette institution avait perdu son soutien populaire. Suivant la volonté d‘une énorme majorité de l‘électorat, le 15 septembre 1946 la Bulgarie fut proclamée « République Populaire ». Le 4 décembre 1947, la Grande Assemblée Nationale adopta une Consitution de la République Populaire de Bulgarie, de type soviétique. A partir de 1949, la tendance à limiter le système politique pluraliste devint évidente. Certains partis abandonnèrent leur programmes politiques, d‘autres cessèrent d‘exister. La société bulgare acquit le caractère totalitaire de type stalinien qu‘elle garderait jusqu‘à l‘an 1989. Dans cette période, le pays vit les régimes autoritaires de Valko Tchervenkov (1950-1956), puis de Todor Jivkov (1956-1989). La nouvelle Constitution du 16 mai 1971 fixait le caractère socialiste du pays et la fonction dirigeante du parti communiste. Vers l‘année 1980 plus de 800 000 bulgares étaient membres du parti communiste. Todor Jivkov devait sa longévité politique à la peur de répressions. Une première tentative de l‘écarter du pouvoir, organisée en 1965, fut vite étouffée. Furent éliminées de leurs postes toutes les personnalités politiques qu‘il considérait comme menaçant son régime. Ce n‘est que pendant la deuxième moitié des années quatre-vingt qu‘une opposition sérieuse parut – des organisations et mouvements non- formels, insistant pour des réformes radicales : la Société indépendante pour la défense des droits de l‘homme, le Comité social pour la défense écologique de la ville de Roussé (menacée par l‘industrie roumaine), Ecoglasnost, le Comité pour la défense des droits religieux, etc. Suite à l‘effondrement du mur de Berlin, aux répressions impopulaires du gouvernement envers les bulgares de l‘ethnie turque, aux conflits du pouvoir avec les intellectuels du pays et aux luttes à l‘intérieur du parti, le 10 novembre 1989 Todor Jivkov fut écarté du pouvoir. Les premières élections parlementaires post-totalitaires eurent lieu en 1990.

Dans la sphère économique, le but proclamé des dirigeants fut l‘accélération de la productivité, la croissance de la production, le développement de l‘industrie, l‘amélioration rapide de la prospérité de la population et du pays – tous ces éléments formant les conditions nécessaires pour la construction du socialisme développé et du système communiste. L‘économie planifiée à la base d‘analyses scientifiques, ainsi que la coopération et nationalisation (faisant de la population le propriétaire collectif des biens) devraient facilement mener à ce but. Effectivement, les premières années surtout marquèrent un développement rapide – quatre ans après la guerre, la production industrielle dépassait déjà celle d‘avant-guerre, de nouvelles productions de machines agricoles furent créées. Vers 1989 la Bulgarie avait une base industrielle assez solide, des positions stables dans le marché international de tractions électriques et à moteurs, de produits de l‘industrie de guerre, de l‘électronique, métallurgie, industrie chimique, de produits agricoles. La source la plus importante de difficultés économiques était la limitation, par interférence subjective, des processus de croissance naturelle sur la base des mécanismes du marché.

La culture de la Bulgarie socialiste était subordonnée à l‘activité du parti communiste et devait se limiter au « réalisme socialiste » des oeuvres artistiques. Toutefois, la vie spirituelle garda une autonomie relative et les acquisitions culturelles de la période ne furent aucunement négligeables. Dans l‘éducation, un programme gouvernemental fut créé, orienté vers une éducation accessible et générale. Pour la population non lettrée de 15 à 55 ans, qui formait après la guerre un quart des bulgares, des écoles du soir primaires et secondaires furent ouvertes. Un large réseau d‘écoles, de lycées, de formations professionnelles et supérieures fut organisé. La Loi de l‘enseignement public de 1948 établit le caractère obligatoire et gratuit de l‘enseignement jusqu‘à l‘âge de 15 ans. Dans la période socialiste, le nombre d‘écoles, d‘étudiants et d‘enseignants dans le domaine de l‘éducation supérieure augmenta entre six et onze fois. Des lois furent votées pour le développement de la science. Un nombre considérable de scientifiques bulgares de cette période jouissaient de célébrité internationale. Les gouvernements socialistes voyaient dans la culture populaire un instrument d‘éducation et d‘influence idéologique et n‘économisaient pas les moyens de la développer. Ces années virent l‘épanouissement d‘une littérature socialiste, dirigée par l‘Union des écrivains bulgares, le financement d‘un grand nombre de maisons d‘édition (d‘état), la construction de théâtres, de salons de cinéma, de bibliothèques, de maisons de lecture et discussion, de musées et archives. L‘année 1959 vit la création de la Télévision bulgare. La « Cinématographie bulgare » produisit des centaines de films par an. L‘art bulgare donna des représentants et des oeuvres remarquables. La culture musicale bulgare reçut une réputation internationale.

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