Le règne byzantin. L‘indépendance bulgare


Dès le début de leur règne, les Byzantins imposèrent sur les terres bulgares leur système militaire et administratif. Le pays fut divisé en quatre « Thèmes » ou régions. La Mésie, avec Véliki Preslav, puis Drastar, comme centre administratif devint « Thema Paristrion ». La région Sud-Ouest (Macédoine actuelle) autour de Skopie, puis Sredets (Sofia) devint « Thema Bulgaria». Une troisième « Thema» fut formée par les régions de Belgrade, Branitchevo et Srem. Les régions méridionales élargirent des « themas» byzantines existantes. Le Patriarche bulgare fut rétrogradé à archevêque, son centre restant à Ohrida. Un système d‘impôts insupportable fut introduit. L‘Empire Byzantin, déjà dans son déclin, n‘avait pas les moyens de protéger ses sujets des invasions barbares - des Pétchénègues et Ouzes au Nord-Est, des Normands au Sud-Ouest, ainsi que des outrages des Croisés venant de l‘Ouest. C‘est pourquoi le siècle et demi de règne byzantin fut une période d‘insurrections continues, durant laquelle des territoires bulgares parvenaient à gagner leur indépendance pour des années. La première insurrection éclata à Belgrade où, en 1040, Pétar Delyan, petit-fils de Samouil et fils de Gavril Radomir, fut proclamé Roi des Bulgares. En 1071 une deuxième révolte fut organisée par les descendants des bolyars bulgares à Skopie et menée par Georgi Voïteh. Durant le dernier quart du 11ème siècle le centre des insurrections se déplaça vers l‘Est – la « Thema Paristrion ». Là, des révoltes furent organisées en 1078, 1084, 1095. A partir des années 1080, un nouveau peuple venant du Nord-Est s‘installa sur les anciennes terres bulgares au Nord du Danube – les Coumans (appelés par les russes « Polovtsy »). Christianisés et assimilés par les Bulgares, les Coumans devinrent, peu a peu, une partie de l‘ethnie bulgare médiévale, même de la dynastie royale, et jouèrent un rôle important dans la formation et l‘activité du Deuxième Royaume Bulgare.

Malgré les nombreuses révoltes et les mouvements de résistance sociaux et religieux, ce n‘est que durant le dernier quart du 12ème siècle, lorsque Byzance fut affaiblie par la guerre contre les Normands, que la Bulgarie regagna son indépendance. En 1186, pour mieux célébrer son mariage, l‘Empereur Isak II Angel taxa la population de l‘empire d‘un impôt supplémentaire. Sur l‘ancien territoire bulgare, le mécontentement populaire culmina en un nombre de révoltes simultanées dans les terres du littoral Sud et du Balkan, en Mésie et en Macédoine. Les gouverneurs militaires d‘une région en Mesie, Théodore et Belgoune (qui prirent plus tard les noms dynastiques bulgares Pétar et Assen), furent appelés par les révoltés à se mettre à la tête de l‘insurrection. Ces frères (ainsi que leur frère cadet Kaloyan) descendaient de la dynastie bulgare royale - comme en témoigne, dans sa lettre au roi hongrois, le Pape Innocent III: « Les deux frères, provenant de la dynastie des anciens rois, ont commencé non pas a conquérir, mais plutôt à reconquérir les terres de leurs pères. » Les efforts des frères pour trouver un compromis par voie diplomatique n‘eurent aucun succès. En 1185, lors de la prise de Thessalonique par les Normands, un groupe de soldats bulgares transporta l‘icône du saint militaire Demetrios dans la forteresse de Tarnovo. Lors de la consécration de l‘église de son nom dans la ville, le saint fut proclamé protecteur de la Bulgarie et de l‘armée bulgare. Pétar fut proclamé Tsar de la Bulgarie. Un moine nommé Vassiliy fut ordonné Archevêque de l‘Eglise Bulgare. Cette année marqua le début du Deuxième Royaume Bulgare. Tandis que Pétar se dirigeait vers l‘ancienne capitale - Veliki Preslav, Assen resta a Turnovo. Deux ans plus tard, Véliko Turnovo devint la nouvelle capitale de l‘Etat Bulgare. Cette ville extraordinaire dans les Balkans, perchée sur deux collines, s‘établit vite comme un grand centre de la culture européenne médiévale et comme un des plus grands centres de la littérature bulgare. Pendant la première année de l‘insurrection, seules les terres de la Mésie et de la Valaquie furent libérées de la domination byzantine (Les rois se nommant « Roi des Bulgares et des Valaques »). C‘est avec l‘aide des troupes Coumanes que, vers 1187, le territoire bulgare au Sud du Balkan fut définitivement libéré. En 1188 Byzance signa un traité de paix avec le Royaume Bulgare, reconnaissant de ce fait sa légitimité.

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